Cet article recense les notes et références bibliographiques de la vidéo ci-dessus.
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- Entamé dans les années 2010, le méga-projet urbain de Tokyo consiste à répondre aux défis du nouveau millénaire. L’extrême densité de la ville, le vieillissement de la population, la nécessité de solidifier les liens économiques avec les acteurs étrangers et le statut touristique de la capitale ont motivé cette entreprise complexe. Il faut certainement mettre en regard ce redéveloppement avec celui des années 1950 et 1960, dans la mesure où la ville accueille les Jeux Olympiques à la fois en 1964 et en 2021. Si les parties ouest de Tokyo font face à des défis spécifiques relatifs à la gentrification (voir Rinpei Miura, « Rethinking Gentrification and the Right to the City: The Process and Effect of the Urban Social Movement against Redevelopment in Tokyo », dans Japanese Journal of Sociology, vol. 30, n°1, 2021, pp. 64-79), les districts proches de la baie sont avant tout des vitrines projetant l’image du Japon à l’international. Le tourisme y est un des sujets les plus préoccupants et le fait que le budget moyen d’un voyageur s’est contracté vers 2016 – peut-être à cause de la faiblesse du yen – était un signal alarmant. Il faut ainsi comprendre la réjuvénation des districts adjacents à la rivière Sumida comme une politique proactive des acteurs publics et privés pour inciter le tourisme, en présentant l’image d’une ville moderne, verte et consciente de son héritage historique. Sur le sujet, voir Takamitsu Jimura, « Changing Faces of Tokyo: Regeneration, Tourism and Tokyo 2020 », dans Nicholas Wise, Takamitsu Jimura (dir.), Tourism, Cultural Heritage and Urban Regeneration: Changing Spaces in Historical Places, Springer, New York, 2020, pp. 141-155.
- James McRae, « From Kyōsei to Kyōei: Symbiotic Flourishing in Japanese Environmental Ethics », dans J. Baird Callicott, James McRae (dir.), Japanese Environmental Philosophy, Oxford University Press, Oxford, 2017, pp. 47-61. Les travaux de Kinji Imanishi ont également été particulièrement importants pour la reconnaissance des écosystèmes comme milieux dynamiques et complexes. Dans Seibutsu no sekai (1941), il présente une théorie holistique, qui va à l’encontre des thèses classiques d’avant-guerre comme celle de Frederic Clements. Son court ouvrage met en lumière le rapport entre les êtres vivants et leur environnement, tout en refusant de centraliser la place des humains par rapport aux autres animaux. Sur le sujet, voir Yoshiaki Itō, « Development of Ecology in Japan, with Special Reference to the Role of Kinji Imanishi », dans Ecological Research, vol. 6, n°2, 1991, pp. 139-155.
- Cette loi s’inscrit dans le programme impérialiste japonais du début du XXe siècle. La désignation de monuments, sites naturels, plantes et animaux participe à l’invention d’une identité japonaise, sous couvert de scientificité. En d’autres termes, la relation entre la société japonaise et son environnement est un terrain idéologique qui dépasse la simple protection du second, mais agit à la fois comme support d’un nationalisme ancré dans la tradition et comme vitrine culturelle pour les observateurs extérieurs. Les amendements de cette loi après la guerre et le redevéloppement urbain de Tokyo et des environs de la Sumida répondent, toute chose étant égale par ailleurs, à des préoccupations idéologiques similaires.
- Une particularité de ce projet de végétalisation est le caractère interconnecté des différents sites naturels. En 1932, une commission est établie pour le projet, dont la tâche initiale est de recenser et classifier les espaces verts. En 1935, deux plans sont lancés pour la création de parcs et de routes scéniques, qui relient les premiers. Cette philosophie débouche en 1939 sur un parc circulaire et périphérique, qui englobe les 23 arrondissements actuels de la capitale : l’idée était de rendre plus accessible les espaces verts au grand public. Une autre caractéristique était le débordement des espaces verts de la ceinture végétale à l’intérieur de la ville via des couloirs spécifiques, afin d’encourager l’aspect récréatif et l’interaction entre tous les habitants et les espaces verts. Sur le sujet, voir Junko Sanada, 東京緑地計画の計画理念に関する研究, thèse de doctorat, Tokyo Institute of Technology, 2005.
- Jack Yang, « Land Reclamation in Tokyo: The Past and Present of the Prospect of a Waterfront City », sur ArcGIS StoryMaps, 12 décembre 2019, consulté le 12 septembre 2023.
- Cette représentation commence dans les années 1980 pour montrer l’image d’un Tokyo cosmopolite. Les projets de rénovation urbaine permettent l’excavation de ruines de la période Edo, qui créent un engouement nouveau pour la période, d’où l’ouverture du musée Edo-Tokyo en 1993. Sous le gouvernement de Yasuhiro Nakasone, la politique culturelle prend une orientation nationaliste avec la mise sur piédestal de la gestuelle d’Edo (Edo shigusa) dans les manuels scolaires. Cette hybridation culturelle et ce retour à la tradition se déroulent en parallèle de la crise socio-économique des années 1990 et sont utilisés comme béquilles de stabilité. Sur le sujet, voir Reiji Iwabuchi, « Au-delà des représentations de la Belle Edo : la marchandisation culturelle d’une époque et d’une ville », dans Extrême-Orient Extrême-Occident, n°44, 2020, pp. 41-79.
- Eiko Maruko Siniawer, Waste: Consuming Postwar Japan, Cornell University Press, Ithaca, 2018, pp. 76-88.
- En particulier, l’archéologie a retrouvé peu de déchets de papier et de métal, au contraire de céramiques, qui avaient une valeur marchande plus faible. Les fèces étaient considérées comme pouvant être valorisées dans des engrais, d’où un système de recyclage, mais il ne faut pas surinterpréter ce phénomène. Le compost fabriqué à partir des déjections humaines est d’une qualité souvent médiocre et provoquèrent des maladies parasitaires, décrites comme des douleurs abdominales (senki). Sur le sujet, voir Reiji Iwabuchi, « 江戸の都市環境-問題の出発点として », dans Workshop on the Connections in Water History: France-Japan, Early Modern-Modern, Engineering-History, conférence, EHESS 14 mars 2024.
- La destruction humaine et matérielle de Tokyo par les bombardements américains, quelques mois avant la reddition du Japon, a été suivie par d’ambitieux plans de reconstruction, selon le modèle éprouvé de ceux qui suivirent le séisme de 1923. Le projet excessivement ambitieux de Hideaki Ishikawa était d’allouer dix pourcents de la ville aux espaces verts, en les poussant dans le centre de la capitale. Cela aurait permis une subdivision naturelle de Tokyo en districts de 300 000 habitants maximum. Néanmoins, contrairement aux reconstructions passées, l’économie japonaise d’après-guerre était en lambeaux. La spirale inflationniste se doublait d’une nécessité pour le gouvernement central de diviser les subventions vers les autres villes touchées – Nagoya est un exemple célèbre. D’autre part, l’intervention de Henry Dodge, banquier de Chicago et symbole de l’occupation américaine, a poussé à des coupes budgétaires assez sévères sur les projets de reconstruction urbaine. D’autre part, les propriétaires terriens objectèrent aux expropriations – le Special City Planning Act (Tokubetsu toshi keikaku hō) de 1946 permettait aux autorités locales de les décider unilatéralement. C’est seulement après la fin de l’occupation en 1952 et la reprise économique du milieu des années 1950 que Tokyo se reconstruisit massivement. Sur le sujet, voir André Sorensen, The Making of Urban Japan: Cities and Planning from Edo to the Twenty First Century, Routledge, Londres, 2002, pp. 162-168.
- Avant l’époque Edo, la faiblesse des sources écrites ne permet pas d’écrire une histoire précise des fleuves du Kantō et des éventuels aménagements reçus. Par simplicité, cette présentation, pour illustrer le rôle des sociétés humaines dans l’évolution de l’environnement, n’évoque que les transformations qui débutent au XVIIe siècle, sans préjuger d’éventuels travaux antérieurs. Il est également probable que l’activité volcanique ait joué un rôle non-négligeable dans le tracé des fleuves, mais des études supplémentaires sont nécessaires. Sur le sujet, voir Sumiko Kubo, « Shifting of the Arakawa River in the Kanto Plain, Central Japan, during the Late Holocene: A Geomorphological Approach », dans Geographical Review of Japan, Series B, vol. 84, n°2, 2012, pp 71-80.
- Honda Kanosuke, Kawajō fūu tomari nikki, cité dans Hideo Watanabe, « Bakumatsu kawabune sendō no kōkō nikki kara », dans Yasunari Maruyama (dir.), Kinsei kōtsu no shiteki kenkyū, Bunken Shuppan, Tokyo, 1998, pp. 339-414. Sur le sujet, voir également Roderick I. Wilson, Turbulent Streams: An Environmental History of Japan’s Rivers (1600–1930), Brill, Leiden, 2021, pp. 43-90.
- Roderick I. Wilson, op. cit.
- Une autre hypothèse, défendue par Noboru Kawana, considère que les détournements permettaient de créer des routes logistiques plus sûres pour approvisionner le nord du Kantō. Il faut aussi noter que le déboisement massif du Kantō pour l’extension d’Edo rend la région plus fragile face aux inondations. D’autre part, certains aménagements de la capitale dans les premières années du shōgunat, et notamment le système d’approvisionnement en eau de la Kanda à l’ouest de la ville, ont créé une zone très sensible aux inondations entre l’actuel quartier de Bunkyō et Shinjuku. Sur le sujet, voir Kōichi Watanabe, « 江戸の水系と水害 », dans Workshop on the Connections in Water History: France-Japan, Early Modern-Modern, Engineering-History, conférence, EHESS, 14 mars 2024.
- Roderick I. Wilson, op. cit., p. 56.
- Si la séparation du Tone et de l’Ara ont généralement calmé leurs turbulences respectives, ce dernier est alimenté par le fleuve Iruma au niveau du réservoir Minuma. Le site a été conçu par Ina Tadaharu pour irriguer toute la partie nord-ouest d’Edo. Néanmoins, ce confluent fait de l’Ara un fleuve particulièrement volatile et propice aux inondations. En 1910, la Grande Inondation du Kantō (Kantō dai-suigai) fit plusieurs centaines de morts et poussa les autorités à dévier l’Ara en construisant une écluse près d’Iwabuchi. Celle-ci permet de rediriger l’excédent d’eau vers l’est et directement dans la mer – il s’agit de l’actuel tracé de l’Ara –, tandis que le parcours originel du fleuve a été renommé Sumida. À noter que le nom de Sumida existait déjà à une époque ancienne, mais caractérisait un autre fleuve – soit un affluent, soit la branche principale du Tone avant son déplacement vers l’est. Le réaménagement massif du Kantō explique néanmoins ces changements de noms et la confusion qu’il peut subsister. Aujourd’hui, la vieille Sumida est un nom donné à deux rivières qui traversent la préfecture de Saitama et Tokyo.
- Il n’existe aucun recensement exhaustif de la population d’Edo, composée des classes populaires, des samouraïs et leurs servants, de la cour du shōgun et des voyageurs. Si aucun consensus n’émerge, une majorité d’historiens considère que la capitale abritait plus d’un million d’habitants à son paroxysme, sur la base des importations de riz, des mesures d’assistance après les inondations et des taxations. Une hypothèse de base proposée par Tōgo Yoshida remarque que les importations annuelles de riz entre 1844 et 1854 s’élèvent à 1,4 million de koku (soit 210 000 tonnes). En considérant qu’un koku permet de nourrir une personne pour une année, Yoshida estime que la population d’Edo ne pouvait pas avoir dépassé 1,5 million d’habitants et se situait entre 1,3 et 1,4 million, chiffre peut-être atteint dès le milieu du XVIIIe siècle. Voir Tōgo Yoshida, Nihon rekishi chiri no kenkyū, Fuzambo, Tokyo, 1923, pp. 1-83.
- La genèse des Contes d’Ise est un thème majeur de la recherche et aucune réponse formelle n’émerge. Le consensus récent, appuyé par des analyses stylistiques et thématiques, considère néanmoins que la rédaction des Contes s’est faite en plusieurs temps. En particulier, certains épisodes des Contes ont été repris dans le Kokinshū, tandis que certains s’inspirent de poèmes présents dans ce dernier. Une analyse des thèmes permet ainsi de dégager des relations intertextuelles complexes et les différences de styles sous-tendent que plusieurs auteurs ont travaillé sur le personnage de Ariwara no Narihira, avant d’établir une compilation. La théorie de Katagiri Yōichi, la plus populaire sans qu’elle fasse parfaitement consensus, argue que la rédaction s’est faite en trois temps. Une vingtaine de poèmes aurait été composée par Narihira autour de 880, avant que d’autres poètes ajoutent de nouveaux épisodes dans le courant du Xe siècle en interprétant le personnage de Narihira comme un catalyseur du miyabi. Enfin, d’autres passages auraient été ajoutés avant la compilation impériale du Shūi waka shū au début du XIe siècle, jusqu’à ce que Fujiwara no Teika fige définitivement la forme du texte dans sa propre compilation. Il est peut-être plus important de retenir que « Ise [monogatari] is a paradigmatic example of a text with no “origins,” but “always already” reread and rewritten » (Joshua S. Mostow, Courtly Visions: The Ise Stories and the Politics of Cultural Appropriation, Brill, Leiden, 2014, p. 75).
- Ceci est la conséquence de l’incident de Kusuko (Kusuko no hen) de 810. Une crise de succession avait eu lieu dans les années précédentes avec l’empereur Heizei ayant récemment abdiqué en faveur de son petit frère, l’empereur Saga, à cause de sa maladie. Les décisions politiques de ce dernier irritèrent néanmoins Heizei, qui tenta – sur l’impulsion de sa consort Fujiwara no Kusuko, selon le récit traditionnel, que l’historiographie tend à nuancer depuis les années 1970 –, de mobiliser plusieurs offices impériaux pour refonder une cour parallèle. La tentative de restauration de Heizei fut un échec : l’empereur devint un moine, Kusuko se suicida et son frère Fujiwara no Nakanari fut exécuté. Abo fut rétrogradé comme directeur du Dazaifu et perdit son statut impérial, ce qui s’appliqua également à son fils Narihira.
- Peter MacMillan (dir.), The Tales of Ise [Ise monogatari], Penguin, Londres, 2016, pp. 206-209.
- Contrairement à la religion shintō, les prêtres bouddhistes n’avaient pas de problèmes avec le kegare issu de la mort, de sorte qu’ils furent naturellement en charge des rituels funéraires. Cette particularité du bouddhisme japonais permet d’expliquer la place centrale de la religion dans la vie quotidienne, aussi bien pour les élites que pour le reste de la population. Nam-lin Hur souligne que cette réputation était entretenue par le rapport matériel entre le temple et les fidèles : « Prayer patrons never bothered to attempt to understand the mechanisms of the prayer rituals that Sensōji offered them. What they wanted was material evidence – something that gave tangible proof of Sensōji‘s religious fame and efficacy. The Asakusa Kannon was meaningful to prayer patrons only when they could possess palpable objects that they believed embodied its mysterious power. Those objects, the end products of the Kannon ritual, were talismans (fuda) and votive offerings (kumotsu). […] In satisfying the strong demand for these prayer products, Sensōji officials made sure that they were attractive » (Nam-lin Hur, Prayer and Play in Late Tokugawa Japan: Asakusa Sensōji and Edo Society, Harvard University Press, Cambridge, 2000, pp. 40-41).
- Kanzan Matsudaira, Sensōji-shi, Sensōji suppankai, Tokyo, 1939 [1813], pp. 574-592.
- De fait, la prostitution à Sensō-ji, par sa proximité avec les temples, revêtait une nature particulière. L’activité prostitutionnelle était historiquement attachée aux rituels religieux dans le Japon ancien. Les prêtresses, chamans et autres femmes de religion avaient ponctuellement des relations sexuelles avec les dédicants, parce qu’elles représentaient ou servaient d’intermédiaire avec les divinités charnelles. Appelées asobime, ces femmes durent se sédentariser durant l’époque Edo, après que le shōgunat avait institutionnalisé et taxé les maisons closes. Néanmoins, surtout près des temples, l’activité prostitutionnelle n’avait pas complètement perdue sa signification religieuse, ce qui explique la tolérance de Sensō-ji, outre la manne économique qu’elle représente pour les autorités.
- Xiner Jiang, Victoria Liang, « Enjoying the Evening Cool and the Fireworks at the Ryogoku Bridge », dans Jane Gorelik, Iain Wall, Kaylyn Chileen (dir.), Boating in the Floating World, Rhode Island School of Design, Providence, 2018.
- Tetsuzō Fukuzawa, « Kyōhō-18 Sumidagawa kawabiraki kaishi-setsu no keiseikatei », dans Sumidagawa hanabi no 390-nen, Sumida Kyōdo Bunkashiryōkan, Tokyo, 2019, pp. 186-193.
- Les informations sur le sujet sont relativement parcellaires et il est difficile de savoir comment les autorités ont pu faire respecter les différentes mesures restrictives, au-delà de la disparition graduelle des armes à feu sur les champs de bataille. Un certain consensus admet que la centralisation du pouvoir, la disparition de la nécessité d’armes aussi puissantes sur le sol japonais, le souci de réduire les révoltes et l’ethos des samouraïs étaient des raisons suffisantes pour expliquer ce phénomène, sans que le shogunat ait eu besoin de prendre de mesures drastiques, mais les sources manquent sur les usages non-martiaux des armes à feu. Sur le sujet, voir Daniele Lauro, Displaying Authority: Guns, Political Legitimacy, and Martial Pageantry in Tokugawa Japan (1660-1868), mémoire de Master, University of North Carolina at Chapel Hill, 2012.
- Des problématiques similaires se retrouvent autour d’autres fleuves de la capitale et soulignent l’importance des cours d’eau pour le pouvoir central. En 1742, Edo et une large partie de son arrière-pays furent inondés, ce qui causa une pollution considérable dans la vallée d’Okutama, du fait des glissements de terrain et de la nature du réseau de canaux artificiels de la Tama. La société civile et le pouvoir shōgunal s’associèrent pour nettoyer les cours d’eau et réhabiliter la région, notamment parce que le typhon de 1743 avait considérablement altéré les zones agricoles environnantes, tout en réduisant réduire la qualité des ayu pêchés dans la vallée d’Okutama, qui étaient également offerts au shōgun. Les mesures de réparation sont ainsi motivés par des motifs culturels et économiques, qui fait de la Tama un espace maîtrisé et artificiellement construit aux bénéfices de la société d’Edo. Sur l’inondation de 1742 et le nettoyage de la vallée d’Okutama, voir Koichi Watanabe, Hisashi Kuboyama, « The Great Edo Flood of 1742 and the Okutama Valley », dans Koichi Watanabe, Akiko Kimura (dir.), Dealing with Disasters: Environmental History of Early Modern Cities, Ningen bunka kenkyū kikō, Tokyo, 2021, pp. 146-160.
- Le Hakkenden est pétri par des jeux de style très importants : Bakin alterne les séquences plus lentes et réminiscentes des classiques chinois avec des séquences plus effrénées qui rappellent le théâtre nō. De la même manière, l’auteur alterne entre un langage qui rappelle l’époque médiévale, tout en se permettant des descriptions plus colloquiales, lorsque le récit atteint un climax dramatique ou émotionnel. Ce jeu de contrastes permet à Bakin de se démarquer de ses sources d’inspiration et de proposer un véritable plaidoyer moral : bien que les personnages soient complexes et possèdent des tares comme des vertus, Bakin place sur un piédestal le bien – c’est-à-dire l’exercice qui entretient le bien-être collectif – et critique le mal, présent dans les comportements individualistes. L’insistance sur le loyalisme des « huit chiens », sans doute inspiré par le Taiheiki, peut permettre d’analyser le Hakkenden comme un plaidoyer pour rallier la population derrière l’empereur et préparer la restauration de Meiji. Dans l’esprit de Bakin, et dans la continuité des idéaux bouddhistes de philanthropie, la loyauté, la fidélité et l’amitié sont consubstantiels au bien et à un régime politique noble. Sur le sujet, voir Leon M. Zolbrod, Takizawa Bakin, Twayne Publishers, New York, 1967, pp. 107-120.
- Il est possible de partiellement comparer la noblesse de caractère de Sakura dans cette réinterprétation du Hakkenden avec l’œuvre originale. Dans celle-ci, Bakin décrit la féminité comme moralement inférieure : lorsque les personnages féminins sont mis en avant et encensés, c’est pour leurs vertus masculines. En particulier, le personnage de Fusehime, bien qu’elle ne soit pas parfaite, est félicitée pour sa maîtrise de la raison, puisqu’elle invoque sans le savoir les préceptes éthiques bouddhistes et confucianistes. Au contraire, ses décisions ne sont que rarement dictées par les émotions. Ce modèle de moralité n’est pas entièrement antithétique avec la yamato nadeshiko, qui est également emportée par une véritable volonté et résilience, au-delà de son apparente candeur. Néanmoins, Fusehime se différencie de Sakura par sa quasi-identification à un homme, dans la perspective bouddhiste du Sūtra du Lotus (Saddharma Puṇḍarīka Sūtram) où l’éveil spirituel est plus difficile pour les femmes, mais facilité pour les hommes et surtout ceux qui transcendent la condition humaine – ce que fait Fusehime en prêchant la parole de Bouddha. Sur le sujet, voir Glynne Walley, « Gender and Virtue in “Nansō Satomi hakkenden” », dans Harvard Journal of Asiatic Studies, vol. 72, n°2, 2012, pp. 337-371.
- Une problématique annexe concerne la résurgence des min’yō et ondo dans le Japon d’après-guerre. Ces danses étaient généralement associées à des traditions locales et avaient valeur de vitrine pour les étrangers, afin de marquer des différences culturelles – d’où la différence entre min’yō ondo et uta. Néanmoins, au fil des décennies, le statut de ses chansons a évolué vers des chansons « étrangères à notre région, mais que nous connaissons ». C’est pourquoi le « Hanagasa ondo » est devenu extrêmement populaire, au point d’être chanté dans tous les villages comme min’yō. D’autre part, ces chansons ont été incorporées dans le répertoire de musiciens professionnels habitant en ville, tout en étant popularisées auprès du grand public dans les programmes radios et télévisés à partir des années 1970, mettant beaucoup plus en avant les traditions et les chansons locales peu connues. Il est également probable que certains artistes, ayant connu le marasme des Décennies perdues, aient choisi de chanter des min’yō pour évoquer l’atmosphère idéalisée des campagnes japonaises des années 1960 et 1970 – au point que certains puristes rejettent les interprétations modernes. Aujourd’hui, si les min’yō tendent à être éclipsés par la pop, des survivances réelles existent dans les festivals des villes japonaises et dans certaines œuvres qui tendent à vouloir préserver cette culture. De manière intéressante et même s’il ne s’agit pas d’un regard à proprement japonais, mais d’une idéalisation, certes éduquée, de ses traditions musicales, l’OST d’Inazuma dans Genshin Impact opère une fusion musicale des formes et des instrumentations traditionnelles avec des influences héritées de la musique occidentale. Il s’agit d’une sorte de continuation et de préservation des min’yō qui permet de toucher un public plus jeune, pour qui certaines traditions civiques ou religieuses n’ont plus nécessairement de sens. Sur le sujet, voir David W. Hughes, Traditional Folk Song in Modern Japan: Sources, Sentiment and Society, Global Oriental, Folkestone, 2008.
- La prévalence historique des ondo et autres formes traditionnelles dans les productions audiovisuelles japonaises s’explique également par l’organisation de l’industrie : les studios s’associaient aux mêmes compositeurs et maisons de disques, qui privilégiaient des styles traditionnels pour les openings et endings, utilisés pendant une année entière. Dans les années 1980, l’industrie évolue avec une rotation des chansons : l’exemple le plus proéminent est sans doute l’adaptation animée de Urusei Yatsura, puisque Tadashi Oka, directement inspiré par la nature musical des films Disney et notamment Peter Pan, décide de se focaliser sur la musique pour offrir davantage de variété. La collaboration avec de nouvelles maisons de disques a permis de renouveler le style musical de ces productions anime, de sorte que les ondo ont lentement décliné, invoqué spécifiquement une tonalité traditionnelle quand ils étaient utilisés. Sur le sujet, voir « 岡正インタビュー », dans ビークラブ・スペシャル, n°5, 1987, pp. 46-59.
- Dans le cas des bon-ondo, il est possible pour plusieurs personnes de se succéder dans le rôle de ondo-tori. Le « Tōkyō ondo » évoqué juste ci-dessous figure justement une alternance entre un chanteur et une chanteuse.
- Il s’agit d’une réinterprétation commandée en 1933 par Victor Records du « Marunouchi ondo » de Yaso Saijō et Shinpei Nakayama, dans le but de faire de la chanson la vitrine de Tokyo et de maximiser ses ventes. Pour ce faire, de multiples lieux ont été rajoutés dans les paroles. C’est dans les années d’après-guerre que le « Tōkyō ondo » obtient une popularité exceptionnelle, devenant définitivement associé à la capitale. Aujourd’hui, il est encore utilisé lors des grands événements et compétitions pour son air traditionnel et son swing assez combatif.
- Il faut aussi noter que les fleurs de cerisiers et notamment leur chute deviennent des images intimement liées aux sacrifices des soldats japonais, selon la représentation qu’en fait Nobutsuna Sasaki dans son poème nationaliste Shina seibatsu no uta, publié en 1894 pendant la première guerre sino-japonaise. Le thème devient récurrent pour le Japon impérialiste et habite encore l’imaginaire collectif aujourd’hui. Sur le sujet, voir Emiko Ohnuki-Tierney, Kamikaze, Cherry Blossoms, and Nationalisms: The Militarization of Aesthetics in Japan History, The University of Chicago Press, Chicago, 2002, pp. 102-124.
English version of the bibliographical references:
- Initiated in the 2010s, Tokyo’s massive redevelopment project was devised to meet the requirements of the new millennium. The city’s extreme density, an ageing population, the need to consolidate economic ties with foreign partners, and the touristic value of the capital have prompted this major effort. It is certainly worth comparing this round of redevelopment with that of the 1950s and 1960s, given that the city has hosted the Olympic Games both in 1964 and 2021. While western parts of Tokyo face specific challenges relating to gentrification (see Rinpei Miura, ‘Rethinking Gentrification and the Right to the City: The Process and Effect of the Urban Social Movement against Redevelopment in Tokyo’, in Japanese Journal of Sociology, vol. 30, no. 1, 2021, pp. 64-79), waterfront districts primarily serve as a showcase for Japan’s global image. Tourism is one of the most pressing issues, and the decline of the average traveller’s spending in 2016—perhaps due to the depreciation of the yen—was a concerning indicator. The rejuvenation around the Sumida River should therefore be partly understood as a proactive policy by public and private stakeholders alike to promote tourism. It is a way of projecting the image of a modern, environmentally responsible, and heritage conscious city. On the topic, see Takamitsu Jimura, ‘Changing Faces of Tokyo: Regeneration, Tourism and Tokyo 2020’, in Nicholas Wise, Takamitsu Jimura (eds), Tourism, Cultural Heritage and Urban Regeneration: Changing Spaces in Historical Places, Springer, New York, 2020, pp. 141-155.
- James McRae, ‘From Kyōsei to Kyōei: Symbiotic Flourishing in Japanese Environmental Ethics’, in J. Baird Callicott, James McRae (eds), Japanese Environmental Philosophy, Oxford University Press, Oxford, 2017, pp. 47-61. The work of Kinji Imanishi was of particular interest in the recognition of ecosystems as dynamic and complex environments. In Seibutsu no sekai (1941), he presented a holistic theory that contrasted with the classical pre-war theories developed by Frederic Clements amongst others. His short work highlighted the relationship between living beings and their environment, while rejecting the centrality of human beings over other animals. On the topic, see Yoshiaki Itō, ‘Development of Ecology in Japan, with Special Reference to the Role of Kinji Imanishi’, in Ecological Research, vol. 6, no. 2, 1991, pp. 139-155.
- This law was included in the Japanese imperialist agenda at the beginning of the 20th century. The designation of monuments, natural sites, plants, and animals contributed to the fabrication of a Japanese identity under the auspices of science. Put differently, the relationship between Japanese society and its environment is influenced by ideological considerations that extend beyond the mere protection of nature. It serves both as a support for a tradition-bound nationalism and as a cultural showcase for outside observers. The postwar amendments to this law and the urban redevelopment of Tokyo and the Sumida area were, ceteris paribus, a response to similar ideological concerns.
- This revegetation project was characterised by the interconnectedness of the different natural sites. In 1932, a commission was set up, its first task being the identification and classification of the green spaces in the city. In 1935, two programmes were launched to establish parks and scenic routes that would connect them all. In 1939, this policy led to the creation of a circular peripheral park surrounding the capital’s 23 current districts: the idea was to open up green spaces to the public. Moreover, those green spaces would be extended from the green belt into the city through special corridors, in order to promote the recreational aspect and the interaction between all residents and their environment. On the topic, see Junko Sanada, 東京緑地計画の計画理念に関する研究, doctoral dissertation, Tokyo Institute of Technology, 2005.
- Jack Yang, ‘Land Reclamation in Tokyo: The Past and Present of the Prospect of a Waterfront City’, on ArcGIS StoryMaps, 12 December 2019, seen on 12 September 2023.
- This narrative was pushed during the 1980s to promote Tokyo as a cosmopolitan city. Urban redevelopment projects led to the excavation of Edo-era ruins, sparking a newfound enthusiasm for the period and prompting the opening of the Edo-Tokyo Museum in 1993. Under the premiership of Yasuhiro Nakasone, a nationalistic approach to cultural affairs was adopted, and Edo shigusa (Edo gestures) were exalted in school textbooks. This cultural hybridisation and return to tradition coincided with the socio-economic crisis of the 1990s and was exploited as a stabilising device. On the topic, see Reiji Iwabuchi, ‘Au-delà des représentations de la Belle Edo : la marchandisation culturelle d’une époque et d’une ville’, in Extrême-Orient Extrême-Occident, no. 44, 2020, pp. 41-79.
- Eiko Maruko Siniawer, Waste: Consuming Postwar Japan, Cornell University Press, Ithaca, 2018, pp. 76-88.
- Archaeology has revealed very little paper and metal waste, but much more ceramic material, which had a lower market value. Faeces was considered valuable as fertiliser, and thus easily recycled, but this should not be overemphasised. Compost made from human faeces was often of poor quality and resulted in parasitic diseases described as ‘abdominal pain’ (senki).
- The human and material destruction of Tokyo by the American bombings a few months before Japan surrendered was matched by ambitious reconstruction plans. They were modelled after the successful rebuilding efforts in the wake of the 1923 earthquake. Hideaki Ishikawa’s overly ambitious plan was to devote ten per cent of the city to green spaces, pushing them towards the centre of the capital. This would have allowed Tokyo to be neatly divided into districts of up to 300,000 people. However, unlike previous reconstruction projects, Japan’s post-war economy was in disarray. The inflationary spiral was compounded by the government’s obligation to distribute subsidies to other affected cities—Nagoya being a well-known example. Furthermore, the intervention of Henry Dodge, a Chicago banker and figurehead of the American occupation, led to fairly severe budget cuts in urban planning. Landowners, for their part, resisted expropriation, as the 1946 Special City Planning Act (Tokubetsu toshi keikaku hō) allowed local authorities to unilaterally initiate it. Only after the end of the occupation in 1952 and the economic recovery of the mid-1950s did Tokyo undergo its extensive reconstruction. On the topic, André Sorensen, The Making of Urban Japan: Cities and Planning from Edo to the Twenty First Century, Routledge, London, 2002, pp. 162-168.
- Due to the scarcity of written sources prior to the Edo period, a detailed history of Kantō’s rivers and their transformations is virtually impossible. For the sake of simplicity, I will only refer to the changes that began in the 17th century, so as to illustrate the importance of human societies in shaping the environment, without commenting on earlier attempts. It is also likely that volcanic activity played a significant role in shaping the course of the rivers, but further studies are still needed. On the topic, see Sumiko Kubo, ‘Shifting of the Arakawa River in the Kanto Plain, Central Japan, during the Late Holocene: A Geomorphological Approach’, in Geographical Review of Japan, Series B, vol. 84, no. 2, 2012, pp 71-80.
- Honda Kanosuke, Kawajō fūu tomari nikki, quoted in Hideo Watanabe, ‘Bakumatsu kawabune sendō no kōkō nikki kara’, in Yasunari Maruyama (ed.), 近世交通の史的研究, Bunken Shuppan, Tokyo, 1998, pp. 339-414. On the topic, see also Roderick I. Wilson, Turbulent Streams: An Environmental History of Japan’s Rivers (1600–1930), Brill, Leiden, 2021, pp. 43-90.
- Roderick I. Wilson, op. cit.
- Noboru Kawana suggests indeed that the diverting of these rivers offered safer logistical routes to supply northern Kantō. It should also be noted that the massive deforestation of Kantō to accommodate Edo’s expansion made the region more vulnerable to flooding. Additionally, urban planning in the early years of the shōgunate—notably the Kanda waterworks—led to a flood vulnerability in the western part of the city, between the present-day Bunkyō district and Shinjuku. On the topic, see Kōichi Watanabe, 江戸の水系と水害, in Workshop on the Connections in Water History: France-Japan, Early Modern-Modern, Engineering-History, conference, EHESS, 14 March 2024.
- Roderick I. Wilson, op. cit., p. 56.
- While the separation of the Tone and Ara Rivers has tamed their respective turbulence, the latter is supplied by the Iruma River at the Minuma Reservoir. It was designed by Ina Tadaharu to irrigate the entire north-western part of Edo. Unfortunately, this confluence makes the Ara a particularly fickle river, susceptible to flooding. In 1910, the Great Kantō Flood (Kantō dai-suigai) killed several hundred people and prompted the authorities to divert the Ara again by building a sluice at Iwabuchi. This redirected the excess water eastwards and directly into the sea—this is the current course of the Ara—while the original course was renamed Sumida River. The name Sumida, incidentally, was already in use in ancient times but referred to a different river, either a tributary or the main stem of the Tone before it was diverted eastwards. The massive redevelopment of the Kantō accounts for these name changes and any lingering confusion. Today, the old Sumida is the name given to two rivers that flow through the Saitama and Tokyo prefectures.
- There is no exhaustive census of Edo’s population, which comprised commoners, samurai and their servants, the shōgun’s court and travellers. Despite the lack of consensus, a majority of historians believe that the population exceeded one million at its peak, based on rice imports, post-flood relief measures and taxation. A baseline hypothesis proposed by Tōgo Yoshida suggests that annual rice imports between 1844 and 1854 amounted to 1.4 million koku (or 210,000 tons). Considering that one koku feeds one person for a year, Yoshida estimates that Edo’s population could not have exceeded 1.5 million and was between 1.3 and 1.4 million, a figure that may have been reached as early as the mid-18th century. See Tōgo Yoshida, 日本歴史地理之研究, Fuzambo, Tokyo, 1923, pp. 1-83.
- The origin of the Tales of Ise is a major focus of scholarship, and no definitive answer has yet emerged. However, the recent consensus, supported by stylistic and thematic analyses, holds that the Tales were written in stages. Specifically, some episodes in the Tales were adapted and included in the Kokinshū, while others were inspired by poems contained in the latter. Analysis of the themes thus reveals a complex intertextuality. The differences in style also suggest that various authors worked on the literary figure of Ariwara no Narihira before compiling their work. Proposed by Katagiri Yōichi, the most popular theory—although not universally accepted—is that the poems were written in three periods. About twenty poems are thought to have been composed by Narihira around 880. Other poets added new episodes throughout the 10th century, reinterpreting the character of Narihira as a catalyst for miyabi. Further sections were inserted in the early 11th century before Fujiwara no Teika definitively fixed the form of the text in the imperial compilation known as the Shūi waka shū. Perhaps the most important consideration is that ‘Ise [monogatari] is a paradigmatic example of a text with no “origins,” but “always already” reread and rewritten’ (Joshua S. Mostow, Courtly Visions: The Ise Stories and the Politics of Cultural Appropriation, Brill, Leiden, 2014, p. 75).
- This was the result of the Kusuko incident (Kusuko no hen) of 810. A succession crisis had arisen in the previous years, as Emperor Heizei had recently abdicated due to illness in favour of his younger brother, Emperor Saga. Heizei was upset by his brother’s political decisions and attempted to reconstitute his own court by recruiting various imperial offices. According to the traditional account of these events, Heizei acted at the behest of his consort, Fujiwara no Kusuko, although historians have revised this view since the 1970s. The attempted restoration of Heizei ended in failure. The emperor became a monk, Kusuko committed suicide and her brother Fujiwara no Nakanari was executed. Abo was demoted as director of the Dazaifu and lost his imperial status, and so did his son Narihira.
- Peter MacMillan (ed.), The Tales of Ise [Ise monogatari], Penguin, London, 2016, pp. 206-209.
- Unlike in Shintō practices, Buddhist priests had no problems with the kegare resulting from death, so they were naturally in charge of funeral rituals. This feature of Japanese Buddhism explains the central place of religion in everyday life, both for the elite and for the rest of the population. Nam-lin Hur points out that this reputation was maintained through the material relationship between the temple and the faithful: ’Prayer patrons never bothered to attempt to understand the mechanisms of the prayer rituals that Sensōji offered them. What they wanted was material evidence—something that gave tangible proof of Sensōji‘s religious fame and efficacy. The Asakusa Kannon was meaningful to prayer patrons only when they could possess palpable objects that they believed embodied its mysterious power. Those objects, the end products of the Kannon ritual, were talismans (fuda) and votive offerings (kumotsu). […] In satisfying the strong demand for these prayer products, Sensōji officials made sure that they were attractive’ (Nam-lin Hur, Prayer and Play in Late Tokugawa Japan: Asakusa Sensōji and Edo Society, Harvard University Press, Cambridge, 2000, pp. 40-41).
- Kanzan Matsudaira, 浅草寺志, Sensōji suppankai, Tokyo, 1939 [1813], pp. 574-592.
- Due to its proximity to the temples, prostitution at Sensō-ji had a special status. Throughout ancient history, prostitution was associated with religious rituals. Priestesses, shamans, and other religious women occasionally had sexual relations with devotees because they represented or acted as intermediaries with the carnal deities. These women, known as asobime, were forced to settle down during the Edo period, after the shōgunate had institutionalised and introduced taxes on brothels. Nevertheless, prostitution, especially around temples, had not completely lost its religious significance. In addition to the economic benefits it brought to the authorities, this explains Sensō-ji‘s tacit endorsement of the practice.
- Xiner Jiang, Victoria Liang, ‘Enjoying the Evening Cool and the Fireworks at the Ryogoku Bridge’, in Jane Gorelik, Iain Wall, Kaylyn Chileen (eds), Boating in the Floating World, Rhode Island School of Design, Providence, 2018.
- Tetsuzō Fukuzawa, ‘Kyōhō-18 Sumidagawa kawabiraki kaishi-setsu no keiseikatei’, in 隅田川花火の390年, Sumida Kyōdo Bunkashiryōkan, Tokyo, 2019, pp. 186-193.
- Information on the subject is rather scarce, and it is difficult to know how the authorities were able to enforce the various restrictions, aside from the gradual disappearance of firearms from battlefields. There is some agreement that the centralisation of power, the waning demand for such powerful weapons on Japanese soil, the efforts to reduce rebellions, and the samurai ethos were sufficient reasons to explain this process without the shogunate taking drastic measures. Unfortunately, sources on non-martial use of firearms are scant. On the topic, see Daniele Lauro, Displaying Authority: Guns, Political Legitimacy, and Martial Pageantry in Tokugawa Japan (1660-1868), Master’s thesis, University of North Carolina at Chapel Hill, 2012.
- Similar issues occurred along other rivers of the capital, underlining the importance of waterways to the central government. In 1742, Edo and much of its hinterland were flooded, causing in significant pollution in the Okutama Valley due to landslides and the structure of the artificial Tama canal system. Civil society and the shōgunate joined forces to clean up the waterways and rebuild the region, after a typhoon in 1743 had significantly altered the surrounding farmland. It had also lowered the quality of the ayu caught in the Okutama Valley, which were also offered to the shōgunate. Redevelopment was therefore driven by cultural and economic motives, making the Tama a controlled and highly engineered area for the benefit of Edo society. On the 1742 flood and the clean-up of Okutama Valley, see Koichi Watanabe, Hisashi Kuboyama, ‘The Great Edo Flood of 1742 and the Okutama Valley’, in Koichi Watanabe, Akiko Kimura (eds), Dealing with Disasters: Environmental History of Early Modern Cities, Ningen bunka kenkyū kikō, Tokyo, 2021, pp. 146-160.
- The Hakkenden is shaped by very important stylistic shifts: Bakin alternates between slower sections, reminiscent of Chinese classics, and more frantic scenes, akin to nō theatre. Similarly, the author switches between a medieval language and a more colloquial one when the narrative reaches a dramatic or emotional climax. This stylistic interplay allows Bakin to distance himself from his sources of inspiration. It helps him to deliver a serious moral plea. Although his characters are complex, with both faults and virtues, Bakin still exalts the good and those who fight for collective welfare; and he condemns the evil of individualistic behaviour. The insistence on the loyalty of the ‘Eight Dogs’, no doubt inspired by the Taiheiki, suggests that the Hakkenden could be read as a call to rally behind the emperor and pave the way for the Meiji Restoration. For Bakin, and in accordance with philanthropic ideals in Buddhism, loyalty, fidelity, and friendship are equivalent to goodness and a righteous political regime. On the topic, see Leon M. Zolbrod, Takizawa Bakin, Twayne Publishers, New York, 1967, pp. 107-120.
- Sakura’s virtue in this reinterpretation of the Hakkenden can be compared to the original work. Bakin usually describes femininity as morally inferior; when women are highlighted and praised, it is for their masculine virtues. Most notably, the character of Fusehime, although flawed, is praised for her intellect as she draws unknowingly on Buddhist and Confucian ethical teachings. Furthermore, her decisions are rarely dictated by emotion. This profile is not entirely at odds with that of the yamato nadeshiko, the latter being also driven by genuine willpower and resilience beyond her apparent candour. Nevertheless, Fusehime departs from Sakura in her near-identification with a man, following the Buddhist outlook of the Lotus Sūtra (Saddharma Puṇḍarīka Sūtram), where spiritual awakening is more difficult for women, but easier for men. However, as she preaches the words of Buddha, she transcends the human condition and her original gender. On the topic, see Glynne Walley, ‘Gender and Virtue in “Nansō Satomi hakkenden”’, in Harvard Journal of Asiatic Studies, vol. 72, no. 2, 2012, pp. 337-371.
- A related question concerns the resurgence of min’yō and ondo in post-war Japan. These dances were generally associated with local traditions and functioned as performative display to mark cultural differences with foreigners—hence the distinction between min’yō ondo and uta. In the following decades, however, the status of these pieces has evolved towards ‘songs that are foreign to our region, but that are known to us’. For example, ‘Hanagasa ondo’ has become so popular that it is sung as a min’yō in every village. Meanwhile, these songs have been incorporated into the repertoires of professional musicians living in the city. They have then been popularised among a larger public through radio and television programmes since the 1970s, bringing much greater attention to lesser-known local traditions and music. In addition, artists who had experienced the doldrums of the Lost Decades may have chosen to sing min’yō to recapture the idealised atmosphere of the 1960s and 1970s Japanese countryside—to the extent that some purists reject modern interpretations of those songs. Although min’yō tends to be overshadowed by pop music today, there are genuine resurgences in Japanese city festivals and in certain works that seek to preserve this culture. Interestingly, Inazuma’s OST in Genshin Impact, even if it is a foreign idealisation of Japanese culture—albeit an educated one—achieves a musical fusion of traditional forms and instrumentation with codes inherited from Western music. This is a continuation and preservation of min’yō, appealing to a younger audience who may no longer relate to certain civic or religious traditions. On the topic, see David W. Hughes, Traditional Folk Song in Modern Japan: Sources, Sentiment and Society, Global Oriental, Folkestone, 2008.
- The prevalence of ondo and other traditional music forms in Japanese audiovisual productions is explained by the way the industry was organised. Studios worked with the same composers and record companies, who still favoured traditional styles for openings and endings that they would use throughout the year. In the 1980s, the industry introduced a rotation of songs. The most prominent example is the anime adaptation of Urusei Yatsura: Tadashi Oka, directly inspired by the musical quality of Disney films and especially Peter Pan, decided to focus on the music to provide more variety. Collaboration with new record companies helped to revitalise the musical style of these anime productions. Ondo began to fade away, used only to imbue a traditional feel. On the topic, see 岡正インタビュー, in ビークラブ・スペシャル, no. 5, 1987, pp. 46-59.
- With bon-ondo, several people can succeed each other in the role of ondo-tori. In the ‘Tōkyō ondo’ mentioned below, a man and a woman take turns singing.
- More precisely, it is a rewriting of ‘Marunouchi ondo’ by Yaso Saijō and Shinpei Nakayama, commissioned by Victor Records in 1933, with the intention of promoting Tokyo and thus increasing sales. For this purpose, several locations were added to the lyrics. In the post-war years, ‘Tōkyō ondo’ became extremely popular and has remained associated with the capital. It is still used today at major events and competitions because of its traditional flair and combative swing.
- Cherry blossom, especially when falling, became an image closely associated with the sacrifice of Japanese soldiers, as described by Nobutsuna Sasaki in his nationalist poem Shina seibatsu no uta, published in 1894 during the First Sino-Japanese War. This became a recurring motif for imperialist Japan and is still part of the collective imagination today. On the topic, see Emiko Ohnuki-Tierney, Kamikaze, Cherry Blossoms, and Nationalisms: The Militarization of Aesthetics in Japan History, The University of Chicago Press, Chicago, 2002, pp. 102-124.
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